Les bons conseils de ton Chafard (face à un cancer)

Parce que le cancer, ça se passe dans le corps, mais aussi beaucoup dans la tête et un peu dans ton entourage (si, si...) voici quelques trucs et astuces qui m’ont été conseillés… et d’autres qui m’ont vraiment aidés.

LE CHAFARD 🦀

2/28/202419 min read

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Tout plein de conseils avisés (en tout cas testés et approuvés) pour :

Comment survivre moralement à ton cancer

“À la fin tout va bien. Et si ça ne va pas bien, ce n’est pas encore la fin.” (Oscar Wilde)

Pour un type qui a pondu des textes aussi dark que Le portrait de Dorian Gray, je le trouve un bien optimiste le père Wilde. Limite, tu le démarres à l’apéro, le mec te dessine une licorne à paillettes.

Mais bon, là n’est pas le sujet. Le sujet, c’est que ma pote Adeline a eu la merveilleuse idée de m’envoyer une boîte jaune. Et dans la boîte ? Dans la boîte, plein de petites douceurs (plein !) : bonbons, chocolats, gâteaux, etc. Et une carte avec cette citation du copain Wilde. Et se rappeler que ouais, chaque chose a forcément une fin (peu importe laquelle…) tu peux pas savoir ce que ça m’a aidée. Et toi ? Ça te parle ?

"Tant que tu respires, tu te bats. Alors respire." (The revenant)

Bon, si Oscar Wilde ne te fait ni chaud ni froid, peut-être que cette réplique de Di Caprio dans “The revenant” (Ah Léo !) pourra quelque chose pour toi. Perso, c'est un peu l'idée générale qui m’a bien portée durant la partie des traitements où j’en chiais tellement ma race que j’aurai été prête à n’importe quoi ou presque pour que ça s’arrête. Tu te répètes ça façon mantra quand t’en chies des bulles, tu verras, ça a son petit effet…

“Est-ce que tu sais lire, connard inculte ?” (Les évadés)

Pardon, j’hésitais avec cette autre citation :

“C'est dans une prison que la musique a le plus de sens. On en a besoin pour ne pas oublier. Ne pas oublier qu'il y a des endroits dans le monde qui ne sont pas faits de mur et de pierre, qu'il y a quelque chose en nous qu'ils ne peuvent atteindre, qu'ils ne peuvent toucher, qui est à nous : l'espoir. “

(Mais comme tu connais à présent mon amour des gros mots, tu comprends pourquoi c’est l’autre que j’ai mis en titre…) Alors, de ton côté, je ne sais pas laquelle te parlera le plus, mais notre principe suivant reste le même : savoir t’évader. Et ce, par tous les moyens à ta disposition.

Et ça, ça peut-être la lecture quand tu as assez de forces ou par les séries les jours où tu en as un peu moins. L’écriture, la photo, la peinture, le tricot, le crochet, le scrapbooking, bref n’importe quel autre loisir créatif susceptible de te sortir la tête de ton marasme fera l’affaire. La cuisine en revanche, je déconseille (surtout la cuisine indienne). Mais encore une fois, ça reste une expérience personnelle.

Il y a aussi la méditation qui apprend à ne pas juger ce qui se passe dans son corps mais au contraire à l'observer et l'accueillir avec bienveillance. (Bon moi, ça m’emmerde la méditation. Mais fais ce qui te parle, hein.)

Et tu connais la projection ? Ça c’est quand tu te projettes (d’où le nom…) dans une réalité future plus agréable et plus supportable. Ça peut-être ce fameux jour d'après où ça ira déjà un peu mieux ou carrément cet après les traitements où ça ira carrément bien (voire même ces vacances à Punta Cana où le Mojito et le Sex on The Beach couleront à flot). Le truc c’est que ton cerveau ne fait pas la différence entre ce qui est réel et ce que tu imagines. Donc en te concentrant bien fort, tu peux arriver à le leurrer pour qu’il te lâche une dose ou deux de sérotonine.

Le Yoga du rire fonctionne aussi très bien : le principe, tu imagines que tu es une grande actrice en train de jouer une scène de rire… Et tu éclates de rire. Comme pour jouer ta scène (faut que ce soit un minimum crédible). Et là pareil, petit shoot de sérotonine gratis, c’est toujours ça de pris pour le moral.

“Chaque petite victoire est une victoire” (Sûrement quelqu’un de célèbre, un jour)

Est-ce que tu sais ce qu’est un mindset. Littéralement, c’est ton état d’esprit. Et ça, ça se travaille parce que dans la tourmente, ça va devenir ton compas moral. Si tu baisses la tête et regarde tes pieds, tu te planteras. En revanche, si tu la garde haute et regardes loin devant toi, tu as de bonnes chances d’avancer mieux et plus vite.

Et concrètement, ça donne quoi ? Ben, par exemple, tu le sais que tu vas pas vivre ta best life et que tu vas en chier, pas vrai ? Bien. Alors à partir de là, arrête de regarder en arrière et de comparer ton quotidien avec ton avant. Dis-toi bien que ton nouveau “normal” ne sera plus jamais le normal d’avant. La règle a changé, le curseur s’est déplacé.

Alors tous tes je n’arrive plus à dormir “normalement”, à marcher “comme avant”, j’ai “même pas pu” et autres références à ta vie d’avant, tu les mets dans un sac, et tu les oublies. Pour le moment. Et tu te concentres sur tes progrès de maintenant. Yes, j’arrive à nouveau à sentir le goût ! Top, aujourd’hui j’ai pu faire un peu de sport ! Regarde, mes cheveux repoussent ! (Oui, le petit duvet, ça compte…)

Et tu me célèbres tout ça, chacune de ces petites victoires. Et ça vois-tu, ce sera la base de ton mindset. Ce même mindset qui va t’emmener jusqu’au bout de ton combat la tête haute.

“Si tu travailles avec un marteau-piqueur pendant un tremblement de terre, désynchronise-toi, sinon tu travailles pour rien.” (Jean-Claude Van Damme)

Eh ben, il a pas tort notre JCVD ! Et même que ça rejoint un peu ce que je te disais juste avant. Quand tu vis un cataclysme, t’as le droit de faire les choses différemment, d’adopter un autre rythme. Parce que si tu t’efforces d’aller contre le courant, tu vas perdre ton énergie. Et ton moral. Alors si tu fais partie de la team des increvables qui pensent pouvoir suivre les traitements (lourds les traitements, on le rappelle…) tout en continuant à travailler aussi efficacement qu’avant (avant les traitements donc…) laisse-moi de te dire ceci : tu te fourres le doigt dans l’œil jusqu’au coude. Tu n’y arriveras pas. Et si tu persistes à essayer malgré tout, tu vas te flinguer la santé plus sûrement sur n’importe quelle chimio. Alors lève le pied, délègue, bref, fais ce qu’il faut pour ménager ta monture. Les cimetières sont remplis de gens irremplaçables comme on dit. Ce serait quand même con d’y arriver plus tôt que prévu…

Comment garder un moral de winneuse ?

(Alors que t'as juste envie de t'ensevelir sous ta couette...)

Le moral, c'est vraiment la clé de tout

Mais c'est aussi ce qu'il y a de plus dur à maintenir. Parce que seule la personne malade peut insuffler l'énergie qu'il faut pour continuer à ses proches et à elle-même. Genre… T’es mignonne meuf, mais évites de craquer, hein ? Parce que si tu craques, tout s'effondre. J’dis ça, j’dis rien.

Tu l’auras compris, pour ma part, l’écriture de ce blog a joué un rôle essentiel. D’une part au moment où je vivais les choses parce qu’au lieu de me laisser submerger par elles, je cherchais à leur donner une utilité, une place dans cette histoire que je racontais à mon public. Cela m’a permis de prendre de la distance comme je te l’ai déjà dit, mais également de digérer les différents événements et traumatismes en les mettant par écrit. (Vous avez dit catharsis ?) Et ensuite, il y avait bien sûr la réaction du public en question. Les fameux petits mots dont je te parle plus haut. Alors oui, c’est vrai, ce sont des marques d’affection. Mais de la même façon que passer du temps avec les autres filles en cancer me renvoyaient une image de moi-même que je ne pouvais pas supporter, toutes les personnes qui réagissaient au blog me renvoyaient au contraire une image de putain de warrior badass !

Je ne me suis jamais sentie aussi soutenue dans une épreuve que durant celle-ci, ce qui, paradoxalement, en a fait pour moi l’une des plus faciles à traverser. (Forcément, quand avant tu t’es cognée une dépression qui, ELLE, entraîne zéro compassion, ça change un peu la donne…)

Malgré tout, il y a des jours où l'envie foutait le camp.

J’imagine que ce sera pareil pour toi. Si tu es comme moi, ces jours-là, ce ne sera même pas la peine de te demander “mais pourquoi t'es triste/ en colère/ chiante/ tu tires la gueule dans ton coin ?” T’auras juste pas envie. “Mais pas envie de quoi ?” Ben de rien justement. Pas envie de voir qui que ce soit, pas plus que de parler, certainement pas de te faire rassurer et même pas de faire quoi que ce soit. Ces jours-là, il n'y aura que toi pour trouver l'énergie de te sortir les doigts et d'avancer quand même.

Mais il faut que tu aies conscience d’une chose méga importante : si c’est ton cas aujourd’hui, alors c’est OK d’avoir le moral en PLS. J’veux dire, t’as vu par quoi t’es en train de passer, sérieux ? Donc ouais, t’as carrément le droit de pas être jouasse H24 ! Sauf que toi et moi on sait que ça va plus loin que ça et que le vrai problème c’est surtout qu’un état dépressif comme ça, c’est douloureux. Tu te sens tellement mal au fond de toi, c’est comme un truc qui te ronge de l’intérieur (comme si t’étais déjà pas assez garnie question parasites et pique-assiettes…). Alors je vais te donner quelques trucs pour te soulager un peu et retrouver un poil de niaque pour les jours de grand bad.

1 - Fais-toi pléz

Oui, c’est aussi con que ça. Apprends à reconnaître ces fameux moments où de toutes façons tu ne pourras rien faire de la journée et lâche tout ce que tu avais de prévu qui n’est pas absolument vital.

Exemple :

Voir ton oncologue = meh, vital

Te forcer à aller déjeuner en ville avec ta pote, mais siiii, tu verraaaas, ça va te faire du bien ma chérie !!! = nope, pas vital

Suivre tes traitements = vital

Ranger la maison et faire un pète de ménage parce que quand même, hein, quitte à être là, tu peux au moins te bouger le cul = putain de pas vital du tout ! (Et pose ce chiffon !)

Et donc, une fois que tu as dégagé de ta journée tout ce qui n’était pas vital, remplace tout ça par des choses qui en temps normal te reboostent.

Exemple :

Faire une session Karaoké avec ta télécommande comme micro

Bouquiner au soleil dans un hamac, écouter un livre audio dans ton bain

Faire des essais fringues maquillages complètement délirants

Dessiner, bricoler, jouer du piano debout, écrire, danser…

Battre ton record à la console, essayer de faire des photos rigolotes

Câliner ton chat ou ton chien, aller dans le centre équestre du coin (et câliner un cheval géant)

2 - Ton cerveau est tellement facile à leurrer !

T’as même pas idée ! Comme je te disais plus tôt, ton cerveau ne fait pas la différence entre une expérience réelle et une expérience imaginée. Mais en plus, question hormones de bonheur (sérotonine, dopamine, endorphine, ocytocine) il est pas bégueule. Lui, pourvu qu’il ait sa dose, hein, il prend et il l’injecte dans la machine et zou ! C’est reparti pour un tour. Donc voici 3 façons facile d’activer la pompe à paillettes :

T’exposer au soleil (ou à une lampe de luminothérapie), becauze la vitamine D, etc.

Bouger. Et oui, quand tu bouges ton corps (sport, danse, etc.) tu sécrètes tout plein d’hormones sympas pour ton bien-être et tu actives un taaas de mécanismes qui te font du bien au corps. Et donc à la tête.

Rire. Cf. le passage sur le yoga du rire tout à l’heure.

3 - Prévenir tes proches que par moments, ce sera pas la grande forme...

... et que c’est OK. (Histoire qu’ils ne ruinent pas tous tes efforts avec leurs gros sabots tout plein de bonnes intentions et de maladresse)

Voici un petit texte à copier-coller et à envoyer en groupé parce que je sais que parfois, on ne trouve pas bien les mots (c’est cadeau, ça me fait plaisir…) Bon, évidemment, tu peux le refaire à ta sauce, mais les grandes lignes sont là…

“Chèr.e.s tou.tes,

Comme vous le savez, j’en chie un peu en ce moment (rapport au cancer, toussa, toussa) Il est donc possible que j’appelle certain.es d'entre vous dans les jours, semaines, mois qui viennent. Parfois en larmes, parfois en colère et parfois juste avec l’envie de rien.

Parfois encore, j’appellerai à pas d’heure, et j’ai envie de te dire, bah c’est l’jeu ma pauvre Lucette, ta pote a un cancer et elle a besoin de toi.

Et si jamais tu te sens vexé.e de ne pas être parmi les “heureux.ses” élu.e.s, dis-toi qu’au moins, tu te retrouves pas à deux heures du mat’ avec une crise de larmes à gérer.

Pour les autres, voici un conseil précieux pour survivre à ces moments-là : la seule chose dont j’aurais besoin, ce sera de parler. De tout, parfois de rien, mais surtout, SURTOUT sans complaisance, sans "ça va aller" ni autres fausses phrases toutes faites pour me rassurer. Parce que, non, ça ne me rassure pas. Et que non, ça ne va pas aller tout seul comme ça, alors s’il te plaît, ne minimise ma peine. Minimiser ce que ressent une personne, ça ne fait pas disparaître l'émotion, ça ne fait qu'isoler cette personne.

Voilà, sur ce, je vous aime très fort.

Et à charge de revanche pour quand t’auras la voiture d’un.e ex à taguer.

Bisous.”

Comment survivre SOCIALEMENT à ton cancer ?

Le filtre à amis

Je ne vais pas te mentir, j’ai perdu des amis durant cette période. Beaucoup. Et même des très proches, des qui me donnaient du “meilleure amie” en accolade et qui se sont barré à la première occasion. J’ai perdu des moins proches aussi, forcément.

Mais, j’en ai gagné d’autres.

Et je ne regrette ni les uns ni les autres. Je crois que ceux qui sont partis n’avaient plus rien de constructif à apporter à ma vie ni moi à la leur. Alors, c’est mieux comme ça. Passée l’amertume, faut se rappeler les bons moments vécus ensemble, et les considérer pour ce qu’ils sont : des souvenirs.

Quant aux nouveaux venus, à celles et ceux dont je me suis rapprochée, rien ne dit que nous resterons proches pour toujours. Un jour, peut-être seront-ils eux aussi de futurs souvenirs… Mais au moins, leur présence m’aura réchauffé le cœur le temps que ça aura duré. Bien sûr que je nous souhaite mieux que ça. Mais c’est déjà pas si mal d’avoir été bien entourée au moment où j’en avais le plus besoin.

Ceci dit, en amitié c’est comme en amour : la relation marche dans les deux sens. Alors avant de juger les autres pour leur manque de présence, leur maladresse et leurs bonnes intentions qui dérangent, mets-toi à leur place et demande-toi si tu aurais fait mieux. Est-ce que toi tu aurais voulu rester ? Est-ce que votre relation à ce moment-là était vraiment de celles où l’on se bat côte à côte comme des frères et sœurs d’armes ? Ou juste une amitié plus légère ?

Et puis, demande-toi aussi ce que toi, tu as fait de ton côté.

Je me souviens de ma meilleure amie (souviens toi, tata Marie et ses bons conseils !). Je l’ai reçue un jour à la maison, sans perruque ni aucun maquillage alors que j’avais perdu beaucoup de poids et tous mes poils. Ma pote ne m’avait pas vue depuis des mois car elle vit de l’autre côté de la France, mais elle avait quand même fait l’effort de venir jusqu’ici et je savais que j’avais une tête impressionnante “telle quelle”. Mais je la ai lui quand même imposée. Parce que j’étais en colère, pas contre elle, mais tout court. Et que j’avais pas envie de me couvrir, de me cacher, de préserver les autres. N’empêche. Elle n’a pas cillé. Elle m’a embrassée, est entrée, on a papoté de tout de rien, de cancer, de séries, de mecs et que sais-je encore. Et nous avons passé un chouette moment. Et je lui tire mon chapeau pour ça. Parce que moi, très honnêtement, je ne sais pas si j’aurai été capable de faire pareil, de ne rien montrer, de tout prendre sur moi comme elle l’a fait. Et toi ?

Est-ce que tu préserves tes amis ? (Parfois à tes dépens?) Ou est-ce qu’au contraire tu les repousses ? Est-ce que tu es facile à vivre ou est-ce que tu te lâches sur eux ? N’oublie jamais que leurs réactions dépendent aussi (aussi, mais pas que) de la tienne. Alors les moments où tu te sentiras trahie et en en colère contre eux, dis-toi que l’amitié est un tango où chacun a son rôle à jouer. Et si malgré des efforts, les deux danseurs ne parviennent pas à s’accorder, alors peut-être vaut-il mieux arrêter de danser ensemble, non ?

Et le reste de ta vie sociale, alors ?

Eh bien, elle change aussi. Avoir un cancer, surtout quand tu fais de la chimio, c’est visible. À partir de là, tu fais l’objet de réactions sociales, notamment de ton cercle non proche. Il y a ces parents à l’école de tes gosses qui t’éviteront soudain, par peur d’être maladroits ou tout simplement parce qu’ils ne supportent pas la Maladie. C’est-à-dire l’idée même de la maladie et donc de la mort qui se cache potentiellement derrière. Bon, le prends pas perso (je sais, pas facile), mais en réalité, ça ne te concerne pas. C’est une peur qui leur appartient et donc qui leur appartient de gérer. Ça fait chier, mais entre nous t’as d’autres chats à fouetter.

Tu auras aussi ces collègues, qui prendront des gants (trop) avec toi comme si tu étais une petite chose fragile (mais arrêtez de m’infantiliser, bordel !) et ceux qui, au contraire, en profiteront pour t’écarter, te décrédibiliser… “Non, mais avec ce qu’elle vit, on comprend qu’elle soit plus sensible aussi… Et donc le dossier Muller… Gros dossier, hein ? Lourd, peut-être… “

Il y aura aussi les regards compatissants de ta boulangère (tu lui rappelles sa frangine), les blagues malaisantes de ton facteur (parce que lui-même n’est pas à l’aise), les recommandations pourtant non sollicitées de la belle-sœur du mari de ta nièce, ceux du voisin qui est naturopathe ou de cette cliente que tu connais ni d’Eve ni d’Adam dans le rayon bio (où tu t’es d’ailleurs simplement égarée…)

Bref, il va te falloir composer avec le regard de tous ces gens-là.

Ou… t’en foutre.

C’est une autre option intéressante. Ah oui, parce que je vais te révéler un secret : tu as le droit de jouer la carte cancéreuse ! Tu vas voir, c’est génial ! C’est un peu comme la carte femme enceinte, le ventre et les cheveux en moins. Mais en gros, quoi que tu dises, quoi que tu fasses, on dira de toi que, ah, la, la, qu’est-ce qu’elle est courageuse quand même… Alors s’il y a bien une fois dans ta vie où tu peux enlever les filtres et dire et faire ce que tu veux, c’est bien celle-là. Donc, profites-en !

L’isolement

Selon l’endroit où tu vis, la distance avec tes amis, leur réaction, bref ton contexte, l’isolement est un risque auquel tu devras peut-être faire face. Et c’est vraiment pas cool. Bon on s’entend, quand t’es en train de mourir dans ton lit, genre la première semaine d’après chimio, t’es pas exactement la reine de la fête et t’es plutôt contente d’avoir la paix. Bon, mettons. Mais après ? Après, quand tu as un peu récupéré, essaie de sortir. Vois du monde, fais même un peu de sport si tu te le sens (rien de compliqué, ça peut être de la marche par exemple), mais bouge-toi, aère-toi ou tu vas finir moisie au fond de ton canap’. Et tu sais cette histoire d’esprit sain dans un corps sain, bah, c’est un peu vrai. Comment veux-tu avoir un moral de guerrière si t’as des escarres sur le cul ?

Et si vraiment c’est trop compliqué de bouger (parce que oui, ça arrive aussi, et c’est OK), essaie au maximum de rester entourée. Fais des visios avec tes proches, écris-leur des mails, parle avec des gens sur les réseaux. Surtout, surtout, ne reste pas seule. Tu as besoin de la force et de l’énergie des autres. On ne mène pas une guerre sans armée. Alors ta famille (la sympa, les relous, tu les oublies), tes amis, tes potes et même pourquoi pas, les gens bienveillants croisés ici et là, considère-les comme tes généraux. Et ensemble, mettez sur pied un plan de bataille pour t’apporter en continu l’oxygène dont tu as besoin pour avancer.

Et comment survivre PHYSIQUEMENT à ton cancer alors ?

De manière générale, … fais-toi accompagner en parallèle de tes traitements par de la médecine douce. Le duo gagnant pour moi (et recommandé par mon oncologue) c’était l’acupuncture et la réflexologie. L’ensemble des effets secondaires ont drastiquement chuté après coup.

On m’a parlé d’autres types d’accompagnement, qui n’ont pas été concluants pour moi. Mais chacune réagissant différemment, je t’invite fortement à tester pour trouver ce qui te conviendra le mieux : sophrologie, méditation, magnétisme, etc.

J’ai aussi testé la naturo(pathie) et je dois admettre une chose : ça m’a grave cassé les coudes. Pourtant, c’est une pote adorable qui est venue exprès me trouver dans ma campagne pour me faire des jus sains et bio avec sa petite centrifugeuse hors de prix et me donner des conseils tout mims. Mais j’avais juste pas envie. Mon rapport à la bouffe était devenu tellement compliqué, j’avais vraiment, mais alors vraiment pas besoin de me rajouter des règles supplémentaires là-dessus !

Surtout, évite le sucre. Et le lait. Et tout ce qui n’est pas bio en général… Ah, aussi et ce qui “acide” et puis les…

Eh, merde. Vas-y tais-toi et passe-moi le pot de Nutella, va.

Conclusion : suit ce qui te parle à toi. Et laisse parler les autres, ça brasse de l’air.

Côté poils

Pour les cheveux qui tombent (et éventuellement sourcils et cils)

Fun fact numéro quarante douze : les cheveux qui tombent, ça fait mal ! Un coup de fil à la socio-esthéticienne m’a appris qu’il existait une astuce : frotter son crâne avec une serviette (sèche ou humide) pour faire tomber les racines. Verdict : ça fonctionne de ouf ! Après ça, mes racines m’ont lâche les poils…

Évidemment, une fois que tes tifs sont tombés, tu ne penses plus qu’à une chose : les faire repousser !

Pour ça, on m’a recommandé les massages à l’huile de ricin aussi souvent que possible. Comme quoi, ça aurait très bonne réputation. Perso, à part me rendre le crâne poisseux, ça n’a pas fait de miracle.

En revanche, l’huile d’onagre à avaler en gélules a bien aidé. Comme toujours, ne me prétendant experte de rien du tout, je te laisse faire tes propres expériences…

Pour les cils et sourcils : le petit micracle Revitabrow et Revitalash de la marque Revitabrow.

Alors clairement, c’est cher, on va pas se mentir. Mais c’est aussi putain d’efficace. À l’heure où j’écris ces lignes, soit 7 ans après la fin des traitements, j’ai toujours des problèmes de repousse (oups, spoiler alert). Je fais une cure tous les 6 mois en entretien pour régler le problème et c’est très efficace.

J’ai voulu tester les produits de la gamme Benefits, parce que moins chers, mais sans résultats concluants pour moi. Donc je suis revenu à mon “cher” RevitaBrow.

Je fais aussi parfois des teintures de cils et sourcils, mais à l’efficacité limitée dans le temps (deux à trois semaines max) et enfin, on m’a parlé du tatouage de sourcils. Là aussi, les avis sont mitigés. Il faut bien choisir son tattoo artist avant (et bien se renseigner sur ses presta et compétences). Ah, et puis attention également à l’encre qui tourne avec le temps.

Mais once again, ne te fie pas à mon seul témoignage, renseigne toi ailleurs, fais tes propres expériences. De plus, en 7 ans, il y a pu y avoir du changement.

Comment vivre avec une personne qui a un cancer ?

Si tu n’es pas atteint.e d’un cancer, mais proche d’une personne atteinte, déjà tu as toute ma sympathie pour t’être farci ce texte jusqu’ici. Et clairement, pour toi non plus, la période n’est pas facile.

Mon cher et tendre m’a souvent dit à quel point être à côté de la personne malade était une place à la con. On te demande tout le temps comment va l’autre, mais rarement comment toi tu vas. Est-ce que tu tiens le coup ? Est-ce que tu es inquièt.e ? Est-ce que parfois toi aussi tu as envie de tout envoyer balader ? Y compris ta cancéreuse préférée ? C’est normal. Benoît a raison, c’est une place à la con. C’est comme si tu n’avais pas le droit de te plaindre, pas le droit de flancher non plus. Tu n’en restes pas moins humain.e avec des émotions, des besoins, des ras-le-bol, des coups de mou. Alors il va falloir que tu parviennes toi aussi, à te ménager. À trouver un peu de temps et d’oxygène pour toi.

C’est une comparaison que je fais souvent à mes copines qui sont mamans et qui ont tendance à faire systématiquement passer les besoins de leurs enfants avant les leurs. Imagine que tu es dans un avion. L’avion se dépressurise d’un coup. Tu as 10 secondes pour mettre un masque à oxygène à quelqu’un avant de tomber dans les pommes. À qui mets-tu ce masque ? La plupart des femmes répondent à leurs gosses.

Biiip ! Mauvaise réponse ! Tu viens de te tuer toi ainsi que toute ta marmaille. La première personne à qui tu mets le masque, c’est toi. Parce que toi seule vas pouvoir aider le reste de ta marmaille. Et tu ne pourras pas le faire si t’es dans les vapes.

Et pour toi, aidant familial (oui, c’est ton statut officiel), c’est exactement pareil. Si tu veux aider la personne que tu aimes, penses à respirer, penses à te ménager. Tu n’en seras que plus efficace pour elle et au final, pour vous.

Cet article appartient à une série initialement publiés entre 2016 et 2017 et racontaient l'histoire d'un cancer et de la nana qui vivait autour (moi). Tu peux d'ailleurs retrouver le premier ici.
Ensuite, avec les années, la guerison, la reprise à une vie presque normale, ils m'ont servi d'inspiration pour raconter l'histoire derrière l'histoire, celle de cette nana donc et de comment elle a terrassé son cancer à coups de stylo.

Le chafard

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(Mi chat noir, mi cafard)

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