9 - Premier round

16 décembre - Après quasiment 10 jours d'un suspense insoutenable, me revoici enfin en pleine forme (ou à peu près) et sans cheveux (nailed It !)

LE CHAFARD

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Chers Carambars, chères Carambettes,

Après quasiment 10 jours d'un suspense insoutenable, me revoici enfin en pleine forme (ou à peu près) et sans cheveux (nailed It !)

L'opération est passée elle aussi. Et ça ne s'est pas méga bien passé, car je (on ?) l'avais pris peut-être un peu trop à la légère. Du coup, je m'y suis mal préparée (stress, douleurs, réveil intubée, re-douleurs, re-stress, …), mais au moins c'est derrière moi… Je déteste avoir ce petit machin dans mon corps et ce tuyau dans la carotide qui me gêne chaque fois que je tourne la tête.

Pardon ?

Ah au temps pour moi, le médecin me fait signe que ce n'est pas dans la carotide, mais dans la jugulaire. (Eh, mais t'es sérieux ? Tu crois vraiment que tu m'aides là ?)

Et puis je n'avais pas non plus anticipé que j'aurais deux nouvelles cicatrices. À ce rythme-là, je vais pouvoir prétendre au titre de Miss Frankenstein. Ou de GI Jane, j'hésite encore…

Ensuite, il y a eu… Voyons si tu suis bien : ensuite il y a eu ...?

La première séance de chimio, c'est bien ça, bravo !

Ça t’est déjà arrivé que l'on te donne tellement d'infos, de toutes sortes que tu finisses par en retenir certaines, insignifiantes, au détriment d'autres qui, elles, sont capitales ? Du style : "Non le jeûne comme thérapie, c'est extrême, ne vous imposez surtout pas ça !" (Info retenue) " Par contre, en effet, optez pour un régime alimentaire allégé avant et après la chimio" (Info complètement passée à la trappe).

Donc la veille de la première séance, j'ai fait une raclette avec mes collègues. Et le jour même, juste après la séance, un resto indien avec l’amie qui m’accompagnait. Voilà, voilà. Ou comment écrire l'intégral de la chimio pour les nuls en un seul chapitre.

Donc sans trop de suspense, j'ai été malade à crever les 12 heures qui ont suivi l'injection, jusqu'à devoir appeler le 15 parce que j'avais un début de déshydratation. Un début seulement, détend-toi… Mais ça fait très, très, très mal à la tête. Bref, au 15, le toubib a commencé à me parler de risque d'hospitalisation, de fièvre à surveiller, de globules blancs qui chutent à cause du produit, gnagnagna… Mec, c'est bon. Tu m'as eu à "hospitalisation". Tu peux arrêter ton speech. Je viendrai pas.

Une heure, un dafalgan et un spasfon plus tard, tout allait mieux. Psycho-somma quoi ? Nope, elle dit qu'elle comprend pas. Sérieux, psycho-so ou pas, la dernière fois que j'ai eu cette intensité de douleur, j'ai fini avec un bébé de 5 kilos dans les bras… (Et c’est tout ce que j’ai à dire sur ce sujet).

Euh et après, ça s'arrange ?

Rassure-toi, les jours suivants, j'ai retrouvé des effets secondaires d'ampleur normale, c'est à dire : de bonnes grosses nausées quelque part entre la grossesse, la gastro et la gueule de bois. Et le manque d'appétit qui va avec. Pas forcément génial, non plus, certes, mais déjà moins pire. Et puis, le côté positif, c'est que ça m'a permis de retrouver le poids de mes 20 ans…

Enfin bon, quand je me regarde dans la glace avec mon crâne rasé, mes côtes maintenant saillantes et mes cicatrices, je me dis que c'est peut-être le poids de mes 20 ans, mais, pas vraiment le corps ! Enfin, que veux-tu ? On ne peut pas être et avoir été, pas vrai ? Et puis, souvenons-nous qu'il y a deux et demi à peu près, je ressemblais à un sumo. Aujourd'hui à Gollum. Et demain, qui sait, à une cantatrice chauve ? Un flamant rose ? Une boîte de chocolat ?

What else ?

Là, j'entame ce que j'appellerai la seconde vague, c’est-à-dire la partie où le produit attaque "vraiment" les potentielles cellules cancéreuses restantes (et toutes celles qui sont saines au passage. Yeah.) Donc au programme de ces prochains jours, nous avons : chute de cheveux (m'en fous, j'en ai plus !), effondrement des globules blancs et rouges, fatigue, essoufflement ...

Mais là, pour l'instant ça va. J'arrive à remanger (un quart de chouya). Je m'occupe de mon petit bout (un peu) (Benoît beaucoup !) J'écris, je bouquine, je binge watche pas mal aussi. Voilà. On attend tranquillement que tout ça remonte et quand ça ira bien, vraiment bien… Eh bien, ma foi, on repartira pour le second round ! Mais l'avantage, c'est que pour les deux prochaines fois au moins, je sais à quoi m'attendre. Donc tout devrait bien se passer (tant que je me tiens loin des restos indiens) (et des raclettes…)

Sur ce,

Bisous à toi et passe de très bonnes fêtes de fin d'année !

Ton Chafard

Game on, mother phoqueur !

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L'impasse mexicaine

Chère chimio, ma petite boule de sucre, ma jolie guimauve toute rose,

Toi et moi, cela fait maintenant un peu plus de trois semaines que l'on se côtoie : toi, faisant ton travail de chimio et moi, faisant mon travail de patiente, pas si patiente que ça. C'est que je me décarcasse chaque jour à rétablir un relationnel correct avec mon miroir et à laisser son espace personnel à la cuvette des toilettes dont je suis récemment devenue très proche. (C'est tout moi ça : je m'attache facilement.)

Tu connais ces films où le héros s'associe à l'ennemi de son ennemi et que finalement ils ne s'entendent pas si mal que ça ? (Faut croire que planquer une tête de canasson dans le plumard d'un type, ça crée quelques liens.) Eh bien, toi et moi, ça ne marche pas comme ça. Nope. En ce qui nous concerne, ça me laisse plutôt un arrière-goût d'impasse mexicaine.