8 tropes qui me donnent envie d’assassiner des gens à coups de figues molles

Les tropes, ce sont ces élément récurents dans la narration : intrigues type, style de personnages, règles d'écriture, etc. Ce sont aussi (parfois) de bons gros clichés qui tachent. Voici ceux qui me donnent envie de me rincer les yeux au jus de citron.

ON DÉCRYPTE 🔎CULTURE POP 🍿

2/29/202410 min read

Le triangle amoureux de l'enfer : le good guy boring VS le charmant psychopathe

Vraiment, quand je vois le choix amoureux que nous servent la plupart des auteurs et scénaristes, j'ai peur pour le genre humain. C'est quoi cette lubie de glorifier des modèles amoureux toxiques ? Pourquoi le love interest devrait-il toujours être le rebelle / outsider / rocker / tueur de chatons au sombre passé ? Et pourquoi, en face, on fait passer le good guy - au demeurant bien sous tout rapport, lui ! - pour un gros raté ennuyeux à mort ?

Alors oui, c'est sûr, quand dans Notebook, Ryan Gosling saute sur la grande roue pour demander à Rachel McAdams si elle accepte un rencart avec lui, ça a son charme. (En même temps, c'est Ryan Gosling quoi...) C'est vrai, ça fait grand geste romantique...

Grand geste romantique... Ou bien harcèlement ? Non, parce que la meuf est quand même déjà en rendez-vous, elle lui dit "non" à plusieurs reprises et pour la forcer à accepter, le mec la menace de sauter de la dite grande roue... Aww ! Trop mimi, on sort pas encore ensemble et il me fait déjà du chantage émotionnel et ne respecte pas mon consentement ! Vivement ses crises de jalousie !

Et à côté de ça, on voudrait nous faire croire que son fiancé, incarné par James Marsden, serait l'image même du type ennuyeux qui n'aurait rien d'autre à lui offrir qu'un futur sans âme ni passion. Alors excuze-me, mais quand même ! Le gars la respecte, respecte ses choix, sa liberté d'opinion, lui accorde toute sa confiance, lui offre stabilité, sécurité, sincérité et complicité, n'a PAS de souci de jalousie (lui !) et tout ce qu'on devrait en retenir, c'est qu'avec lui, sa belle risque de ... s'ennuyer ? Ah bah c'est sûr, en comparaison, c'est pas avec l'autre psychopathe qu'elle risque pas de trouver sa vie planplan.

James Marsden, clairement trop ennuyeux comme type...
The notebook

Si un type menace de se suicider pour que tu sortes avec :
A) tu appelles les flics et demandes une injonction d'éloignement

B) tu sors ta lacrymo et tu le gazes
C) tu l'épouses
The notebook

Imagine combien de films pourraient se conclure en 20 minutes si seulement les protagonistes daignaient avoir une conversation adulte. Et surtout combien des drames inutiles cela nous éviterait ! Prenons l'exemple le plus célèbre si tu le veux bien : Roméo & Juliette (autant l'oeuvre originale de Shakespeare que l'ovni de Baz Luhrmann). Mais pourquoi bon sang de bordel à nouilles, POURQUOI cette quiche de Juliette se contente d'une petite note toute pourrave pour avertir son cher et tendre d'une nouvelle aussi importante que sa FAUSSE MORT ? Et pourquoi notre Roméo préféré ne va demander de compte à qui que ce soit avant de s'empoisonner ? Oh, je t'entends déjà me dire que oui, mais les ados, tu sais ce que c'est...

OK, et Inception alors, on en parle du manque de communication dans Inception ? C'mon Léo ! Dis-y que t'es hanté par le fantôme de ta dingo de femme et que ça risque de planter la mission que toute ton équipe a planifiée aux petits oignons !!! Meuh non, lui, il fait genre tout va bien, j'suis bien dans mon déni. Rhaaaa !

Quand le silence n'est pas d'or ou le manque de communication, bordel !

Couvrez ce sein que je ne saurais voir...

Bon, parlons vrai : c'est quoi ce mythe de l'américaine qui baise en soutif ? Bah oui, parce qu'on sait jamais, hein, des fois que mamour lui verrait le téton.. Mais les gars, vous avez révisé l'intégrale du Kamasutra toute la putain de nuit ! Vous nous faites quoi, là ?

Vraiment, le puritanisme, ça va trop loin. Souvent même au-delà de tout bon sens. Parce que faire des gros plans langoureux sur des hummm et des haaaa ça gêne personne. Mais alors, un téton qui pointe, grands dieux, vous n'y pensez pas !

Bref, ça m'agace. Beaucoup.

Jeannine, qui se lève pépouze le matin en emportant tous les draps avec elle pour par qu'on lui voit les poupous ...

Le réveil, cet instant glamour entre tous...

Dans la série des bons gros clichés bien agaçants, il y a aussi le réveil glamour. Le décor : mamour et mamour se sont fait des papouilles toute la nuit. Pas vraiment le sommeil réparateur donc. Et Mamour n'a bien évidemment par eu le temps de se démaquiller hier soir (parce que QUI fait ça ?) Et pourtant...

Non, elle ne se réveille pas avec des yeux de ratons laveurs, elle ! Car ô miracle, ô saint Loréal, le make-up a tenu ! (C'est de la bonne les amis) Et le brushing ? On en parle du brushing ? De ce magnifique coiffé décoiffé qui la rend so sensual que mamour (l'autre) ne peut s'empêcher de la dévorer des yeux. D'ailleurs, il s'approche, de plus en plus près, vraiment très, très près et... la galoche avant de repartir pour une belle partie de jambes en l'air (toujours en soutien-gorge...)

Toi, tu fais la même chose, t'as la tronche de Chewbacca, les cernes de Benicio del Toro dans Las Vegas Parano et l'haleine du chacal moyen...

Et après on s'étonne qu'on se foute la pression.

Jean Michel lui aussi woke up like this

Très chère famille du défunt

Voilà l'un de mes tropes préférés dans les séries policières : l'interrogatoire OKLM de la famille pas franchement éplorée à qui vient pourtant d'apprendre que son fils / mari / grand-oncle maternel du côté de l'arrière grand-mère venait d'être découpé à grands coups de couteau à beurre ou autres circonstances atroces. Et ces gens, de répondre trankilou bilou à toutes les questions, l'oeil à la limite un chouya humide, mais rien de plus. Tout va bien, quoi.

Alors je ne sais pas qui sont ces gens (des Britanniques auxquels on a appris à réprimer toute émotion ?) mais comment font-ils ? Traite moi de fragile si tu veux, mais les fois où on m'a annoncé la mort - naturelle - d'un proche, j'étais déjà au 36 ème dessous. Et les fois où l'on m'a annoncé les morts violentes d'amis, j'étais profondemment choquée.

Alors je n'imagine même pas dans quel état je serais si c'était le meurtre d'une personne encore plus proche. Mais quelque chose me dit que je ne répondrai pas tranquillement aux question de ces gentils policiers en leur proposant une tasse de thé entre deux. Et toi ?

" Et c'est comme ça que le vilain Monsieur a égorgé ta maman... Tiens, passe moi le sucre s'il te plaît."

Ces morts qui refusent de rester morts

En matière de scénario, il y a des règles quasi incontournables. Par exemple si on ne voit pas un personnage mourir à l'écran ou si le corps n'est pas retrouvé, alors il n'est pas mort.

Simple, basique.

Or auteurs et scénaristes aiment beaucoup tuer des personnages. Ça crée une belle tension dramatique. Et plus le perso est important dans l'histoire, plus l'émotion est intense. Seulement voilà, ils ne peuvent buter à tout va, sinon on finirait par ne plus avoir de protagonnistes.

Voici Rumplestiltskin. Rumple ne meurt jamais vraiment. Mais il le fait toujours de manière très dramatique.
Once Uppon a Time, toutes saisons

Pour contourner cette règle, il y 3 écoles :

1 - Le mort que tu crois qu'il est mort mais qu'en fait il est pas mort. Celui dont on ne voit pas le corps, donc. Comme dit précédemment, c'est souvent crâmé d'avance que le type va ressurgir dans pas long. Le machin tellement prévisible que ça en devient risible.

2 - La multiplication des personnages principaux à la George R. R. Martin, comme ça tu peux en dézinguer autant que tu veux, ça passe crème...

3 - Et enfin, les morts qui ne meurent jamais. Ceux-là sont plutôt l'apanage des séries. Je pense à Once uppon a time, les shows du Arrowverse (Arrow, Flash, etc.) et autres Marvel. Alors oui, tu vois le personnage mourir à l'écran... Mais haha ! Tour de passe passe, en fait ce n'était pas lui, mais son jumeau maléfique ! Ou un métamorphe. Ou un double androïd. Ou alors c'était une mise en scène pour tromper les méchants, mais tu comprends, on pouvait pas te le dire, il fallait que ce soit crédible. Ou encore, il y a une miraculeuse intervention surnaturelle de dernière minute. Bref, en tant que lectrice, spectatrice, même si je suis un peu soulagée de ne pas voir partir l'un de mes personnages préférés, à la longue, je finis par me sentir flouée. (Et plus encore, s'il s'agit d'un des personnages qui m'agacent) (mais crève bon sang, crève !)

Bref, si tu n'as pas le courage de tuer tes personnages, alors ne les tues pas. Les seules fausses morts acceptables sont, à mon sens, celles qui servent (vraiment) l'intrigue. Et non pas celles qui pallient la pauvreté de celle-ci.

Le Deus Ex Machina... de Tchekhov

L'art (sacré) de la narration a hérité du dramaturge Anton Tchekhov une règle majeure : si un fusil est accroché au mur dans le premier acte, il doit être utilisé avant la fin de l'histoire. Cette directive, censée guider la pertinence des détails dans une histoire, porte le nom de Fusil de Tchekhov.

Le Deus Ex Machina quant à lui, est un concept narratif hérité du théâtre antique grec (rien que ça), où une divinité apparaissait de manière soudaine et inattendue en last minute pour résoudre les conflits de l'histoire. Évidemment, de nos jours, le Deus Ex Machina, c'est pas exactement bien vu... (facilité scénaristique, tricherie, toussa toussa)

Ah ha ! En fait, Boone Carlyle était en réalité Damon Salvatore !
Lost, Saison 1 - Vampire Diaries, toutes saisons

Alors certains auteurs tentent de contourner les règles... Mais parfois les ficelles sont malgré tout un peu trop grosses. Notamment quand le fusil de Tchekhov est introduit trop tardivement.

Je crois bien que la série qui représente le mieux ce genre d'arnaque, c'est Lost : une intrigue d'une complexité sans pareil, des clifhangers à te retourner le cerveau à chaque fin d'épisodes (à une époque où ils étaient diffusés au compte goutte de semaine en semaine !) et tout ça pour quoi ? Des mystères résolus à la va-vite grâce à des éléments balancés à la dernière minute dans la marmite. Sympa les gars. Pas frustrant du tout. non, vraiment, on adore. (Non)

Nos chers héros à la moralité à l'épreuve de tout bon sens

Qu'est-ce que ça peut me foutre en rogne les héros manichéens ! Et que je suis un gentil, et que j'ai de l'honneur, et que je préviens mes ennemis avant de les attaquer, et gnagnagna... Et que tu te prends une grosse tannée que t'aurais pu éviter, oui !

Comme dirais mon fils, "ça me râle le bol" ces personnages, qui par une noblesse d'esprit tout ce qu'il y a de plus contre-productive, finissent par se battre avec une main dans le dos face à un ennemi armé d'une Kalach. Et perdre donc.

Ce genre de bonne grosse moralité bien (BIEN) surfaite fait réfléchir sur les valeurs véhiculées à travers ces soi-disant figures de bravoure. Pardon, c'est quoi un VRAI bonhomme ? Un type qui ne renonce jamais à ses valeurs, à son éthique, qui ne rompt jamais sa parole donnée, même à l'ennemi.

Mouais, ben j'ai qu'un nom pour vous les amis : Corto Maltese. "Personnage égocentrique, peu moral, violent, il est aussi romantique et chevaleresque, secourant les orphelines et punissant les criminels" peut-on lire dans BNF les essentiels. Alors ? La moralité fait-elle vraiment la bravoure ? Vous avez deux heures, l'usage des calculette est interdit.

Alors Ned, on regrette pas un peu de l'avoir prévenue la Cersei ? Non ? Toujours pas ? Mouais. Mon oeil, va.
Game Of Thrones, saison 1

BONUS : les grands classiques...

1 - Si tu vois un hélicoptère à l'écran, il explosera dans les minutes qui suivent.

2 - Si l'une des femmes est enceinte, elle accouchera dans des circonstances méga dramatiques (accident de la route avec incendie, avion en pleine prise d'otages, tornade de requins, etc.)

3 - Si un couple (américain) passe une folle première nuit d'amour ensemble, au petit matin le seul vêtement disponible pour Madame sera la chemise de Monsieur. Blanche (ou bleue à la rigueur) et bien repassée.

4 - S'il y a un chien dans l'histoire, le héros retournera dans l'immeuble en flammes pour le sauver. Parce le chien ne meurt JAMAIS. (Encore moins si c'est un labrador)

5 - Si le personnage est une femme détective, elle fera toutes ses courses poursuites en talons hauts. Because le style avant tout ma chérie.

6 - Si tu as un ado dans l'équipe, il sera joué par un acteur de 20 ans. Pourquoi ? Mais parce que qui veut voir une tronche de calculette à l'écran ? (Les fans de Stranger Things apparemment)

Miranda Bailey, en accouchement tout ce qu'il y a de plus classique, pendant que Meredith Grey enlève une bombe du corps d'un homme et que son mari subit une craniectomie à la suite d'un accident de voiture. (Grey's Anatomy, saison 2)

CONCLUSION

Est-ce que ça vaut vraiment la peine de gâcher des figues molles ?