3 - Chéri, j'ai une tumeur. Tu me passes le sel ?

3 octobre (bis) - Ou l'art de lâcher une bombe entre le poire et le fromage...

LE CHAFARD

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Il m'a ensuite fallu l'annoncer au reste du monde

... À commencer par Benoît, mon compagnon et accessoirement père de mon enfant. Ce qui a été un peu compliqué, car l'enfant en question, spécimen mâle d'environ deux ans et des brouettes, est particulièrement vif.

Oui, comme tous les spécimens mâles de son âge, me diras-tu. Oui, mais non. Un peu plus encore. Si, si, je t’assure.

Enfin bref, quand je suis rentrée à la maison ce soir-là, Elliot était en train de faire glisser ses camions sur le toboggan double pour qu'ils percutent son tracteur à pédales judicieusement positionné plus bas tout en hurlant des joyeux :
"C'est partiiii KiKiiiii ! À FOOOOOOOOND !!!!!!!!!!!!"

Alors Benoît m'a prise dans ses bras, j'ai posé la tête contre sa poitrine et j'ai lâché ma bombe :

"C'est une tumeur.
- D'accord.
- Une tumeur maligne.
- Je le pensais bien comme ça. Bon et maintenant, c'est quoi la suite ?"

Son calme m'a rassuré. Cela nous a permis d’élaborer un plan de bataille : qui était l'ennemi ? Quels étaient nos points forts ? Nos faiblesses ? Nos alliés ? Quelles seraient nos prochaines actions ?

À partir de là, les choses ont été plus simples : nous étions trois face à l'envahisseur. Nous étions forcément plus forts que lui.

Finalement, notre bolide a lâché prise et s'est endormi.

Après que le diagnostic a été posé, après l'avoir assimilé et digéré...

Le tout sous l'œil attentif et attentionné de son père. Je ne pouvais pas gâcher un pareil moment. Benoît a senti de toute façon qu'il nous faudrait attendre que notre petit bolide soit couché pour que l'on puisse parler.

La soirée s'est dont passée comme si de rien n'était : la douche du petit, la préparation du repas, le repas, le pyjama, l'histoire du soir, le bisou, la négociation pour pas dormir, le verre d'eau, le deuxième bisou et finalement le calme. Je ne me rappelle pas qu'une soirée ait déjà duré si longtemps. Tout était si ordinairement tranquille et doux pendant que moi, j'avais ma petite ogive nucléaire bien au chaud dans le creux du ventre, prête à exploser et anéantir tout ça.

Je ne dis pas que mon enfant est pire qu'un autre. Juste qu'il a un peu de jus...

OK, dans notre famille à nous, nous ne sommes que trois... Mais tu as compris l'idée...

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Les autres, cet enfer ordinaire

Ensuite, il a fallu l'annoncer à diverses personnes plus ou moins proches de nous : la directrice de la crèche par exemple car nous allions avoir besoin de souplesse dans notre contrat de garde. Ensuite, mes collègues. Les amis, aussi. Et enfin, la famille.

Ah, la famille.

Pour mon père, ça a été assez surprenant [...]