2 - Et maintenant, que vais-je faiirreuh ?

3 octobre - Ok, c'est quoi le plan ? T'as bien un plan pas vrai ? PAS VRAI ?!

LE CHAFARD

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Gnagnagnagnaaaa… Que seurrra ma vie ?

Je ne te la raconterai pas à l'envers... C'est vrai, je l'avoue, je le confesse, j'ai eu un gros moment de solitude, de faiblesse, de couardise, d'autoapitoiement à la Gilbert Bécaud.

Après que le gros mot – cancer – a été dit, il m'a fallu un peu de temps pour assimiler la nouvelle. En sortant du cabinet médical, je me suis assise dans ma voiture et puis considérant qu'il serait dangereux et par conséquent complètement con de prendre le volant de suite, je suis restée là un moment à repenser à tout ça. Et dans ma tête a démarré un dialogue qui ressemblait à quelque chose comme ça :

"Putain… j’ai un cancer!

- Bon OK, j'avoue, ça craint. Mais un cancer, on n'en meurt plus forcément aujourd'hui.

- J'ai-un-can-cer…

- Oui, non, mais c'est vrai, c'est le vilain mot ça, ça fait peur et tout, mais tu as un cancer de… ? …de ?

- J'ai un cancer du sein… Putain ! Mes seins ! Pourvu qu'ils ne me coupent pas les seins !!!

- Houlà ! Non, mais alors déjà, tu vas faire redescendre la pression DE SUITE s'il te plait. Donc oui, tu as un cancer, mais un cancer du sein, c'est-à-dire un des cancers les mieux connus et les mieux soignés…

- Je vais mourir…

- … et qui en plus a été pris à temps, donc avec des chances de rémission tellement fortes que ce serait indécent de donner un pourcentage…

- Mon fils grandira sans sa maman…

- …et en plus, t'as entendu, elle n'a même pas parlé de chimio ! Non, mais sans déconner, c'est pas un vrai cancer (*) : t'as pas de chimio et en plus tu vas garder tes cheveux ET tes seins !

- Ah oui, c'est vrai. C'est un bon point.

- Eh bien, enfin.

- Bon ben du coup, je fais quoi maintenant ?

- Maintenant, tu vas suivre le protocole : rencontre avec le chirurgien, puis opération et ensuite radiothérapie. Mais là de suite, tu vas appeler quelqu'un histoire d'évacuer le trop-plein d'émotions avant de reprendre la route."

Compose un numéro de téléphone

- Allô Marie ?

Fond en larmes, voix sanglotante

- Marie, j'ai un putain de cancer !!!

- …

Émotions : 1 - Self-control : 0

Et en même temps, tu sais quoi ? Je m'en fous, je suis humaine. Et puis franchement, à quoi ça servirait d'avoir des amies, si de temps en temps on ne pouvait pas leur annoncer un cancer en pleurant comme une madeleine au téléphone ou leur demander de nous aider à cacher un corps à trois heures du mat'… ?

(*)Comment ça pas un "vrai cancer" ?!

Tu noteras qu'à un moment donné, dans mon dialogue intérieur, je dis qu'il ne s'agit pas d'un "vrai" cancer, puisqu'il ne nécessite pas de chimio. Avant de t'en offenser, garde en tête qu'à aucun moment je ne classifie les cancers. Il n'y a pas de vrais et de faux cancer. En revanche, il y a du déni et à ce moment-là, je tentais désespéremment de minimiser la chape de béton qui venait de me tomber dessus. Donc oui, je me suis dit ce genre de truc. Et comme tu vas le voir par la suite, ça va me jouer quelques tours... (Comment ça du teasing ? Où ça d'abord ?) En plus, spoiler alert : c'est vrai, ma toubib n'avait pas parlé de chimio... du moins, à ce moment-là.

BREF, STAY TUNED !

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Chéri, j'ai une tumeur. Tu me passes le sel ?

Après que le diagnostic a été posé, après l'avoir assimilé et digéré, il m'a ensuite fallu l'annoncer au reste du monde, à commencer par Benoît, mon compagnon et accessoirement père de mon enfant. Ce qui a été un peu compliqué, car l'enfant en question, spécimen mâle d'environ deux ans et des brouettes, est particulièrement vif. Oui, comme tous les spécimens mâles de son âge, me diras-tu. Oui, mais non. Un peu plus encore. Si, si, je t’assure.

Enfin bref, quand je suis rentrée à la maison ce soir-là, Elliot était en train de [...]