14 - Le p'tit nouveau

17 mars - Il était une fois, un produit qui tue...

LE CHAFARD

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Mes petits burritos,

Je termine la 3e semaine du cycle de la 4e chimio et – heureuse surprise – les effets secondaires de ce nouveau produit restent relativement supportables ! On se fait un petit rewind que je te raconte tout ça ?

Il était une fois, un produit qui tue…

La dernière fois que je t’ai écrit, je venais de passer une semaine à stresser ma race à mort ... euh... à légèrement m’inquiéter à l’idée de prendre ce nouveau produit qui a tant défrayé la chronique en février dernier. Pour rappel (ou info), la bestiole en question répond au doux nom de Taxotère et fait partie du protocole de soin classique chez un sujet « jeune ». Mais le truc, c’est qu’en vrai, Taxotère, c’est juste un nom de scène…

Aussi, quand aux infos, ils ont parlé du Docétaxel, produit couramment utilisé pour soigner le cancer du sein, je n’ai tout d’abord pas fait le rapprochement. Mais ça faisait quand même un sacré foin parce que 5 patientes qui avaient pris cette molécule (en) étaient décédées… (Depuis, ce chiffre a tristement évolué… 18 décès répertoriés en deux ans. Et c’est pas fini…) Et, je ne sais pour quelle raison (ironie inside), ces derniers temps, mon cerveau retient TOUT ce qu’il lit, entend, voit, sent … qui est lié au cancer. C’est bien simple, d’ici la fin des traitements, je vais pouvoir passer mon diplôme d’oncologie.

Bref, je faisais une recherche sur je ne sais plus quoi quand je suis à nouveau tombée sur le nom de Docétaxel, cette fois, associé au Taxo. Sauf que je n’arrivais pas à comprendre comment les deux étaient liés. Ce n’est qu’après plusieurs heures de recherches, la lecture de centaines d’articles hautement scientifiques et un coup de fil au NCIS, que j’ai réussi à tirer le fin mot de l’histoire. Attention, #SpoilerAlert: le Docétaxel n’est en réalité autre que… LE COMPOSANT ACTIF DU TAXOTÈRE QUI EST LUI-MÊME UN NOM COMMERCIAL !!! Je sais… Dingue, hein ?! (Je te rassure, moi aussi j’aurais mis ma main à couper sur le Colonel Moutarde…)

La minute Dr House qui suit vous est offerte par l'amicale des dragée Fuca

Forte de cette connaissance, j’ai alors tenté de joindre mon oncologue qui malheureusement pour moi (mais pas pour elle) passait la semaine à se dorer la pilule au ski. (C’est quand même fou ces médecins qui osent prendre des vacances…) Du coup, nous n’avons pu discuter ensemble du taxo, ce-vilain-coquinou-qui-tue-des-patientes que le jour J, que dix minutes avant l’injection. Je te raconte pas l’ambiance dans la salle d’attente.

Mais ce qu’elle m’a expliqué m’a quand même bien rassurée parce que ça rejoignait les différentes infos que j’avais pu trouver par moi-même et celles que m’avait données mon amour de médecin traitant (coucou Anca !) D’une part, il semblerait que ce ne soit pas la molécule elle-même qui soit en cause dans le décès des patientes, mais un générique produit par un fabricant indien. (Info révisée depuis. Oh, ça va, j'suis pas Doctissimo !) En outre, ces patientes sont décédées d’une infection (nécrose de l’intestin si je ne dis pas de conneries…) venue se greffer sur un terrain d’aplasie fébrile. (Je te laisse chercher ça, Google est ton ami.)

Quand on lit les symptômes du machin, c’est marrant comme ça ressemble trait pour trait à ce que j’ai connu lors de mes deux premières chimios (avec l’autre produit donc…) Et c’est aussi marrant quand on pense que c’est justement à cause de ça que j’étais à deux doigts d’arrêter les traitements. Heureusement que je me suis contentée de changer d’oncologue… Car ce que m’explique Dr Fantastic (oui, j’ai décidé de lui donner un petit nom), c’est que de toute façon, avec ou sans Taxotère, toute baisse de neutrophiles (globules blancs) est très dangereuse, y compris dans un cas de traitement préventif comme le mien. Raison pour laquelle elle estime qu’il faut systématiquement accompagner les patient(e)s avec des injections de Neulasta*. Le seul petit truc en plus avec ce nouveau produit en fait, c’est qu’il faut absolument éviter une infection de type diarrhéique. Et si elle survient quand même, il faut la traiter immédiatement et non pas simplement attendre de voir comment ça évolue, comme ont tendance à faire beaucoup de patients (moi la première d’ailleurs…).

* Remember, mon nouveau meilleur ami qui a diminué de trois quarts les effets secondaires des chimios !

Ce que te peux retenir de ce pavé médical, c’est que :

1 - NON, tous les médecins ne se valent pas. Ce n’est pas parce qu’ils ont fait 10 ans d’études qu’ils étaient tous premiers de la classe. Donc tu as le droit de ne pas avoir spontanément confiance !

2 - Un toubib qui se tient au jus de ce qui se passe dans sa branche, c’est quand même pas un luxe. Pour peu qu’il ait entendu parler d’empathie, alors là, c’est carrément le pompon Léon : épouse-le/la de suite !

3 - Le "wait and see, ça va passer tout seul" n’est PAS une bonne idée. Mais genre, de manière générale. Alors si tu sens un truc bizarre dans ton corps, dis-toi bien qu’il vaut mieux passer pour un con chez ton médecin traitant que pour un cancéreux aux soins palliatifs. Comme tu le sais, moi, ça m’a sauvé les miches. Littéralement d’ailleurs. (Humour de cancéreuse, désolée…)

Et donc, j’ai accepté le traitement

Bon, j’avais encore vingt milliards d’autres choses à te raconter (au moins), mais je vois bien que tu commences à fatiguer (bande de fragiles !) donc je vais faire bref pour la suite et tuer le suspens dans l’œuf : j’ai accepté de prendre ce nouveau produit. Tu notes : j’avais la possibilité de prendre un traitement alternatif (le taxol), mais Dr Fantastic m’a expliqué qu’au vu du type de tumeur que j’avais (grade III) (saloperie +++ si tu préféres), mieux valait commencer direct par le produit qui déchire un peu sa race que par son petit frère attardé.

Les trois semaines qui ont suivi l’injection se sont relativement bien passées. Là encore, mets-y tous les guillemets que tu veux. Ça reste de la chimio, hein. Alors, on va pas se mentir, j’ai bien morflé ma race. Mais cette fois, c’étaient principalement des douleurs musculaires et articulaires et comme je suis un peu sportive (oh, ça va, recommence pas à te foutre de ma gueule…), je suis davantage capable d’encaisser ce genre de trucs que les nausées, vomissements, neutrophilies, fièvres et autres saloperies. Donc mise à part cette légère (et charmante) impression de m’être fait tabasser à coups de barres à mine et d’avoir des bleus et contusions sur tout le corps ; mise à part cette tout aussi légère (et tout aussi charmante) envie de me mettre en position fœtale et de répéter en boucle « putain que j’ai mal, putain que j’ai mal … » ; et enfin, mis à part quelques autres petits trucs sympas du même acabit... franchement, ça vaaaaa ! J’ai grave géré !

Le truc un peu con, c’est que mes cheveux repoussent (yeah !), mais seulement pour mieux chuter en fin de cycle… (#TropBlasée). Du coup, je rase. Walter White style baby ! Ah et maintenant en plus, je me déplume aussi des sourcils. Pour l’instant, ça va à peu près, j’arrive encore à cacher la misère avec du maquillage. Mais dès qu’on commencera la radiothérapie, je n’y aurai même plus le droit… Ça nous prépare encore de bons moments de rigolades, tiens !

En attendant la prochaine fois, amour, paix et caramel mou sur toi.

(C’est un peu sale, non ?)

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J'aurais pas dû

Salut mes petits scarabées,

Ça fait une paye, hein ? (Plus de deux mois me soufflent les fayots du premier rang) Il est donc l'heure de te faire un petit catch-up ! (Voui, presque comme la sauce...) Alors déjà, commençons par une très, très bonne nouvelle :

La chimio c'est comme Capri... c'est finiiiiiii !!!!