16 - Les un an du Chafard...

Octobre 2017 - Un plus tard...

LE CHAFARD

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Mes petits caramels mous,

Y'a des anniversaires comme ça qui te font vieillir plus que d'autres. Il y a un an de ça, ou peut-être cent, j'avais 32 ans et la vie devant moi... "Ou presque" est venu me murmurer le cancer. Ah bah super ! Jean-Michel Pète-L'Ambiance !

Sur sa lancée, il s'est chargé de me rappeler que la vie, elle était aussi un peu derrière ("32 ans meuf, t'es plus complètement une jeunette, hein") et puis surtout qu'elle est beaucoup maintenant. Hakuna Matata, ce genre de conneries.

D'ailleurs, le cancer c'est un peu Rafiki : le genre de mec, tsé, qui pense que la leçon n'est jamais apprise avant de te l'avoir asséné à grands coups de baffes dans la gueule. Plus relou que ça, tumeur. (#DesprogesReprésente)

Alors, sur le chemin, mon cher professeur m'a pointé du doigt deux trois petites choses qui merdaient dans ma vie : ces amis qui n'étaient finalement que des potes, ces potes qui étaient en fait de véritables amis, ce temps et cette énergie que je dilapidais à tort et à travers au motif que je ne les avais pas payés et toutes ces choses parasites qui gravitaient autour de moi...

Alors lentement mais sûrement, j'ai entamé le chemin de la métamorphose. J'ai commencé par repousser deux trois limites — on a toujours besoin de place quand on fait du ménage : j'ai renoué avec la douleur, cette vieille amie oubliée, puis j'ai affronté mes peurs idiotes-mais-plus-tant-que-ça-finalement et tant que j'y étais, mes faiblesses et mes doutes.

Et puis dans le grenier à souvenirs où je suis retournée entre deux rounds, j'ai retrouvé d'autres trésors presque oubliés : la patience, la persévérance, une boîte à courage presque pleine et mon envie de — je cite Elliot : "crabouiller de la mimolette". (Fin de citation)

Alors j'ai continué d'avancer et plus j'avançais, plus je me sentais telle Wolverine affrontant le phœnix. Tu sais la scène dégueulasse à la fin où il pèle de partout, mais continue quand même ? Bon, ben c'était moi.

Et me voici donc un an plus tard, après ce cours magistral sur la vie, l'amour, les potes, le temps qui passe et les emmerdes. Et je vais bien. Je suis en rémission. J'ai survécu aux traitements. Et vendredi dernier, j'ai même fait enlever ma saloperie de cathéter.

Aujourd'hui, j'ai de nouveaux projets plein la tête et un ventre plus gros que les yeux pour les avaler tout cru. Non, mais te marre pas, le truc de ventre c'est vrai. Moi qui avais perdu six kilos dès la première chimio, j'ai tout repris et du rab avec !

À l'heure du bilan, je ne suis pas amère. Oh bien sûr, avoir un cancer c'est pas une franche partie de rigolade, hein. Mais ça n'a pas été qu’une expérience négative.

J'y ai perdu beaucoup bien sûr : un peu de plumes, quelques potes, beaucoup d'argent, une certaine insouciance, mes cheveux longs, la patience avec les cons, beaucoup de filtres et un chouia de diplomatie, plus encore deux trois autres petites choses.

Et puis à côté, il y a tout ce que j'ai gagné : l'apaisement de la guerrière après la bataille, le constat de l'étendue, jusque-là insoupçonnée, de mes ressources, l'urgence de bouffer la vie, un rapport au corps différent, un vocabulaire médical étendu, la peur d'une récidive, quelques connaissances pour se soigner et vivre différemment, des ami.e.s trouvées et d'autres retrouvé.e.s, et encore mille autres richesses que l'argent n'achète pas...

Sur mon chemin, j'ai rencontré quelques cons c'est vrai, mais ce dont je me souviens surtout, ce sont tous ces gens formidables qui m'ont aidée, soutenue et accompagnée. Et puis je pense à toi. À vous toutes et tous en fait, qui vous êtes relayés sans relâche par vos messages, appels, visites, cadeaux, bref par votre présence permanente, pour remettre constamment du fioul dans ma boîte à courage.

Enfin, je pense à toutes les amazones que j'ai rencontrées sur mon chemin, ces grandes et petites sœurs de combat, guerrières underground que je sais désormais reconnaître dans la foule anonyme. Elles ont le regard et le sourire de celles qui savent.

Et moi aussi désormais, je sais.

Bisous à toi et surtout tripote-toi bien les seins !

Remerciements

Malgré ma petite scoumoune, je dois admettre que j’ai eu le cul bordé de nouilles. Et ce en raison des personnes formidables qui m’ont écoutée, accompagnée, soignée, soutenue…

Je pense notamment à mon médecin de famille et aujourd'hui amie, la docteure Anca Comanac qui par sa réactivité m'a permis de prendre le mal à temps. Je pense encore au Docteur Bénézet, l'acupuncteur qui m'a aidé à dézinguer de l'effet secondaire, à Dany Salaün, ma réflexologue aux doigts de fée qui m'a donné les armes pour affronter la douleur et au Docteur Guarnieri dont l'écoute, l'empathie et l'humanité m'ont permis de repartir pour un tour au moment où j'allais baisser les bras.

Je pense aussi bien sûr à tout mon entourage qui se reconnaîtra forcément, pour leurs petits mots, mails, messages, coups de fils, visites et autres marques si importantes de leur soutien et de leur affection.

Je pense enfin à Céline, ma pote de chimio qui m’a fait une perf de courage au moment où j’étais prête à tout abandonner. Nous avions la même pathologie, mais elle, elle n’avait pas une Anca Comanac dans sa vie pour la prendre au sérieux. Toute sa force et son courage n’ont pas suffi. Ils ne suffisent pas toujours.

Le chafard, le livre

Si tu as aimé lire les drôles d'aventures du Chafard et si tu aimerais les offrir à quelqu'un, sache que je compte prochainement le sortir en ebook et que ce e-book sera gratuit, parce que je sais ce que c'est d'être dans la panade et de ne pas pouvoir s'offrir certaines choses.

Bon, par contre, je ne m'avance pas sur la date, hein... Parce que j'ai pas mal d'autres projets en cours. Mais en tout cas, j'aimerais que ce soit fait avant 2024. Voilà, tu sais tout. Si tu veux être tenu·e au courant lors de sa sortie, je t'invite à t'abonner à ma Newsletter (une fois par mois environ, clique sur le bouton ci-dessous pour en savoir plus sur ce que tu y retrouveras en plus de mes sorties...)

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